SACREMENT DE PARDON

Très souvent des gens me posent des questions sur la foi. J'essaie comme je le peux et en fonction de ce que je sais, de leur donner les réponses les plus complètes. Mais il y a des questions qui sont posées plus souvent que d'autres, et qui méritent d'être expliquées plus largement.

Aujourd'hui, je vous propose de réfléchir sur le sacrement de pénitence.

Nous savons très bien que tous, nous sommes des hommes fragiles et pécheurs. Saint Jean a écrit "Si nous disons: Nous n'avons pas de péché, nous nous abusons, la vérité n'est pas en nous. " (1J 1,8). Dieu seul peut pardonner nos péchés, car c'est lui-même qui en est offensé. Mais dans le sacrement de pardon, c'est cette partie de son pouvoir divin - le pardon des péchés - que Jésus confère à de simples hommes, les apôtres, et après eux à leurs successeurs, les évêques et les prêtres, qui sont eux-mêmes pécheurs. Il leur confie la poursuite de son oeuvre de réconciliation et le pouvoir de remettre les péchés par son autorité. "Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis" (Jn 20,23)

En réponse à l'appel de Jésus, l'Église toute entière s'engage dans cette aide au "retour vers Dieu" des pécheurs qui sont ses membres. Elle organise un ensemble de démarches fraternelles, de prières et d'actes de conversion.

Elle propose au pécheur jeûne, aumônes, correction fraternelle et appels à la miséricorde de Dieu. Au coeur de ces démarches se trouve le sacrement du pardon destiné à ces disciples du Seigneur qui, après le baptême, se sont écartés du chemin de la vie. Dans l'Église, la manière de célébrer ce sacrement a mis longtemps pour évoluer. Durant les six premiers siècles , l'Église a réservé ce sacrement aux pécheurs coupables de fautes particulièrement graves, telles que le reniement de la foi, le meurtre et l'adultère. La préparation au sacrement durait plusieurs mois voire des années. A partir du VIe siècle, guidée par l'expérience des moines, l'Église ouvre le sacrement de réconciliation à tous les fidèles, autant de fois qu'ils le désirent, quelle que soit la gravité des péchés dont ils demandent à être purifiés. Elle accorde l'absolution dès que le pécheur regrette ses fautes et les avoue humblement.

Le pardon sacramentel suppose toujours un certain nombre de dispositions ou d'actes de la part du pénitent. Ils sont constitutifs du sacrement et ils expriment une vraie conversion. Sans eux, le sacrement serait rabaissé au rang de routine.

La première disposition est le regret, la contrition. Le pécheur doit reconnaître qu'il a mal agi et qu'il a blessé l'amour de Dieu et des autres, qu'il a fait du tort à l'Église et à la communauté humaine. La contrition engendre logiquement chez le pécheur la volonté de changer sa manière de penser et de vivre, et celle de réparer les dommages commis chez les autres ou soi-même. Cette réparation est appelée la "satisfaction" ou la pénitence. "Si nous confessons nos péchés , lui, fidèle et juste, pardonnera nos péchés et nous purifiera de toute iniquité"(1J 1,9). L'acte nécessaire et significatif que doit poser le pénitent est l'aveu (la confession) personnel de son péché fait au prêtre. Cela concerne aussi bien les laïcs que les prêtres, car ceux-ci ne peuvent jamais se confesser eux-mêmes. C'est un geste de loyauté et de courage. Attitude humble de celui qui s'en remet au jugement de la miséricorde de Dieu. L'aveu peut aussi avoir un pouvoir libérateur sur le plan psychologique. L'aveu, qui reste secret pour toujours et scellé par le sceau sacramentel, doit porter sur tous les péchés graves commis après le baptême, dont on a conscience après un sérieux examen de soi-même, et qui n'ont pas encore été dévoilés et pardonnés en confession individuelle. Cet aveu donne de la part du confesseur un regard objectif et neutre sur notre vie et il nous permet de progresser réellement dans la vie chrétienne sous sa direction spirituelle. La confession, toute personnelle qu'elle soit, revêt nécessairement une dimension ecclésiale, donc communautaire. Nos péchés sont toujours une blessure du Corps du Christ, qui est l'Église. Dans le sacrement de pénitence , c'est la communauté ecclésiale, lésée par le péché, qui accueille de nouveau le pécheur repenti et pardonné.

La célébration du sacrement de pénitence peut avoir des formes différentes:

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la confession avec l'absolution individuelle,

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la célébration collective avec l'absolution individuelle,

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la célébration collective sans l'absolution sacramentelle,

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la célébration extraordinaire avec l'absolution collective.

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Quelle est donc la différence entre la CÉLÉBRATION PÉNITENTIELLE COLLECTIVE et LA CONFESSION?   Pour l'expliquer il faudra emprunter quelques images. La célébration pénitentielle peut être comparée à une révision de voiture. Elle est très profonde et très minutieuse et fait apparaître tous les points faibles et tous les défauts. Mais seuls les petits défauts peuvent être corrigés de suite (régler par ici, resserrer par là) car les vraies réparations, il faut les faire à part. Quant à la confession, elle est une vraie réparation. Elle nous coûte beaucoup plus mais elle répare tous nos défauts et tous nos sinistres et efface les traces des accidents sur notre route. De toute façon, une bonne révision est la seule garantie pour une réparation efficace. Pour cette raison, l'Église nous invite, surtout après une célébration pénitentielle, à avoir recours à une confession individuelle, et ce dès que possible. L'idéal serait de terminer la Célébration pénitentielle par des confessions, car à ce moment, nous sommes vraiment bien préparés à recevoir le pardon de Dieu. Dans certains cas, et sous les conditions ci-dessous, l'Église permet que la CÉLÉBRATION PÉNITENTIELLE COLLECTIVE ait valeur sacramentelle (1):

Le danger imminent de la mort sans que le prêtre ait le temps pour chaque confession.

Pas assez de confesseurs pour entendre dûment des confessions, de sorte que les pénitents, sans faute de leur part, se verraient privés pendant longtemps de la grâce sacramentelle et de la Communion. Dans ce cas, les fidèles doivent avoir, pour la validité de l'absolution, le propos de confesser individuellement leurs péchés en temps voulu.

C'est à l'évêque diocésain de juger si les conditions requises pour l'absolution générale existent.

Un grand concours de fidèles à l'occasion de grandes fêtes ou de pèlerinages ne constitue pas un cas d'une telle grave nécessité. (Code de Droit Canonique (CDC); Can. 961, § 2).

Et même dans ce cas là, "un fidèle dont les péchés graves sont remis par une absolution générale recourra à la confession individuelle le plus tôt possible et dès qu'il en a l'occasion, avant de recevoir une nouvelle absolution générale, à moins que n'intervienne une juste cause." (CDC; Can. 963)

Pour cette raison, "la confession individuelle et intégrale suivie de l'absolution demeure le seul mode ordinaire par lequel les fidèles se réconcilient avec Dieu et l'Église, sauf si une impossibilité physique ou morale dispense d'une telle confession" (OP n° 31, voir aussi CDC; Can. 960).

 

Cette législation de l'Église n'a pas été instaurée sans raisons profondes. Le Christ agit en chacun des sacrements. Il s'adresse personnellement à chacun des pécheurs: <<Mon enfant, tes péchés sont remis>> (Mc 2,5); Lui-même est ce médecin qui se penche sur chacun des malades qui a besoin de lui pour guérir. Il les relève et les réintègre dans la communion fraternelle. Essayons donc de bien profiter de ce grand sacrement, car cette grâce nous a été offerte au prix de la passion et de la mort de Jésus Christ. Dans chaque conversion et chaque pénitence, nous mourrons avec lui au péché afin de ressusciter en lui en création nouvelle pour la vie.

le Curé

 

(1) Cf. Motu Proprio du Pape Jean Paul II "Misericordia Dei" sur la pénitence et le pardon

Les Orientations pour la pastorale du Sacrement de la Réconciliation dans le Diocèse de Strasbourg

 

 

 

 

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